dimanche 28 février 2016

Rotorua

À Rotorua j'ai retrouvé Christopher qui vit en Nouvelle-Zélande depuis deux ans. Au départ, il était parti comme moi: à l'aventure, avec un sac sur le dos et avec la probable intention de rentrer au pays. Mais Cupidon en a décidé autrement! Ce coquin de bébé ailé hermaphrodite nu (je le décrit bien hein?) l'a amené à Cromwell où le jeune voyageur a rencontré Jennifer, une chilienne. Cette dernière était également partie sans imaginer qu'elle s'installerait ad eternam chez les kiwis. Aujourd'hui, ils sont mariés (depuis le 5 mars, youhou, félicitation!). 

Au départ, l'histoire n'était pourtant pas simple car les deux tourtereaux ne parlaient pas les même langues; pour Jennifer, c'était l'espagnol et pour Christopher, le français et l'anglais. Cela n'a pas découragé le jeune homme qui rêvait depuis longtemps d'apprendre la langue de Cervantes (à noter qu'il avait commencé à le baraguiner un peu lors d'un voyage en Amérique Latine). Ils ont donc discuté, discuté et discuté encore... jusqu'à ce que Christopher devienne parfaitement trilingue. Aujourd'hui, c'est donc en espagnol qu'ils communiquent au quotidien.

À mon arrivée à Rotoura, il était prévu que Christopher vienne me chercher après son travail. Mon bus étant arrivé bien avant qu'il ne termine, j'ai décidé de visiter le Rotoura Museum en l'attendant. Situé dans le "Government Garden", un magnifique jardin aménagé à la française, le musée prend place dans le bâtiment qui aceuillait autrefois les bains thermaux de la ville, la "Bath house". De style "Elisabetan Tudor", sa façade c'est l'un des édifices les plus photographiés de Nouvelle-Zélande... ce qui est parfaitement compréhensible!

"Government Garden" et la "Bath House".

Construit en 1908 pour accueillir des touristes venus du monde entier pour y faire des cures thérapeutiques, l'édifice est le premier investissement majeur du pays dans l'industrie du tourisme. Il faut dire que l'endroit a beaucoup de potentiel mais pour comprendre pourquoi, il faut mettre les choses dans leurs contextes...

L'île du nord se situe à proximité de "la ceinture de feu du pacifique", là où les plaques indo-australiennes et pacifiques se rencontrent. Les plaques entrent en collision, chauffant la roche et créant des chambres de magma qui chauffent les nappes phréatiques et peuvent parfois exploser sous forme de volcan. De ce fait, la ville de Rotoura se situe dans une région extrêmement active. Pour etre plus claire... la ville est située SUR un volcan GÉANT (les obsédés de l'insécurité devraient y faire un tour pour se faire une vraie idée de la notion). D'ailleurs son lac, du même nom, est une caldera formée par l'éruption d'un volcan... il y a bien longtemps. Quoi qu'il en soit, pas besoin d'être Einstein pour se rendre compte que Rotorua est située au coeur d'une zone géothermique: il suffit simplement d'ouvrir ses yeux, pour voir un peu partout des fumerolles de vapeurs s'échapper des fissures et flotter au dessus des jardins de certaines rues; et ses narines, pour sentir cette odeur de souffre un peu partout (il y en que ça dérange mais moi j'aime bien cette odeur, ça me donne envie de manger de l'omelette :P).

En gros, voilà pourquoi un tel lieu ne pouvait que se prêter à l'ouverture d'un immense centre thermal tel que la "Bath house". Heureusement, une partie du musée a conservé les anciens bassins et s'attache à expliquer aux visiteurs les différentes cures qui y étaient proposées.

Une autre partie du musée est consacrée aux tribus maori Te Awara qui comptent les descendants directs du groupe de polynésien svenu coloniser en premier la nouvelle Zélande avec le canoë nommé "Arawa". La tribu est basée autour de Rotorua et de Bay of Plenty.

Toujours dans le musée, une exposition permanente est dédiée à l'éruption volcanique la plus destructrice de l'histoire du pays. Cest aussi la dernière car elle remonte à 1886. Elle fut très brève mais extrêmement violente car le volcan (nommé "Mont Tarawera") s'est littéralement ouvert en deux créant une immense faille coûtant la vie à 120 personnes se trouvant dans le village "Te Wairoa". Une partie des victimes étaient des touristes qui se rendaient dans la région pour voir la "8e merveille" du monde: les "Pink terrasse" (des terrasses en silices de couleurs rosées). Celles-ci ont été complètement détruites par l'éruption et submergées par les eaux du lac voisin qui s'est considérablement agrandi avec l'éruption. Le village, enseveli sous une couche épaisse de cendre est désormais connu sous le nom de "Burried Village" et peut être visité. Un fait bien curieux dans ce drame c'est qu'un Maori tohunga (un prêtre) avait vu, dix jours avant le désastre, un canoë fantôme lui annonçant l'événement.

Bref, très instructif ce musée. Je le recommande vivement (ne laissez pas les 25$ d'entrée vous décourager)!
Les "Pink Terrasse " avant l'éruption de 1886.

Après la visite, Christopher est venu me chercher pour m'amener chez lui, au "Lake Ranch". Un endroit absolument charmant dirigé par Ross et sa femme qui s'occupent d'encadrer des groupes venus y passer des vacances. Le ranch propose principalement des activités équestres mais dispose également de terrains de tennis, de piscines, d'une petite ferme (avec des cochons, des poules, des dindes et même un âne) et d'un petit lac où l'on peut faire du kayak. Bref, l'endroit est un petit paradis et, alors que je ne comptais y rester que deux jours, j'y suis restée cinq.
Vue sur le lac du ranch depuis la maisonnette de Christopher
Chez Paul et Uria.
Autour de cette infrastructure, des petites mains travaillent pour faire en sorte que tout fonctionne... Jennifer fait partie de ce personnel et s'occupe de tout ce qui touche aux repas (elle fait les courses, prépare les plats et assure le service). En échange de ce travail colossal (que Jennifer a franchement du mal à gérer seule) elle est logée dans une toute petite maison constituée d'une seule pièce et d'une salle de bain. Aux vues de l'exiguité de l'endroit, le couple a demandé aux voisins, Paul et Uria, de m'héberger. Christopher n'a pas eu besoin d'insister beaucoup car Paul et Uria étaient plus que ravis de m'accueillir chez eux. Ce couple de maori travaille également au Lake Ranch, Paul s'occupe de l'accueil des jeunes et Uria aide Jennifer à la cuisine en cas de gros rush. Ce sont des gens adorable qui m'ont fait me sentir comme chez moi. Sans se rendre compte, ils forment une paire assez comique. Paul aime bien taquiner les gens et il est aussi très critique envers les kiwis; "stupid kiwis" est une de ses phrases préférée... Ils ne savent pas faire la fête, ne savent pas faire à manger, ne savent pas... faire grand chose. Et Uria le reprend sans cesse "don't be so silly Paul". Même si dans le fond, il est clair qu'elle est un peu d'accord. Il faut dire que, même si les choses tendent à s'améliorer, il existe encore beaucoup d'inégalités entre les maoris et les pakehas. Dans l'immense majorité des cas, les maoris sont situés en bas de l'échelle sociale et rencontrent pas mal de difficultés à s'intégrer notamment au niveau politique.
Christopher et Jenny (à droite), Paul et Uria (à gauche) et Connie, la soeur de Jenny (au centre).

J'ai oublié de préciser que je n'étais pas l'unique invité du couple. La cousine, la soeur et la nièce de Jennifer y étaient accueillis au ranch pendant 2-3 mois. Elles ont considérablement  aidé Jennifer à faire la cuisine (quoi que parfois les jeunes filles, en pleine puberté, étaient parfois davantage préoccupées par les jeunes maoris venant y passer des vacances que par les casseroles... Ce qui avait le don d'irriter considérablement notre  cheffe cuisinière!).
Moi et les supers nanas!
Quoi qu'il en soit... Après avoir passé une excellente nuit (pour la première fois depuis 14 jours, je dormais seule, sans odeurs de pieds, sans ronflements, sans lampe de poche à 2h du mat' et sans réveil qui sonne à 7h. ALLÉLUIA!), je suis allée en ville pour faire une marche autour du lac de Rotorua. Pour commencer, je suis arrivée, totalement par hasard, devant la "Te papaiouru marae" située dans le quartier maori "Ohinemutu". Cet endroit a été une superbe découverte! Immaginez, un village maori (et pas une bêtise touristique non! Un vrai village avec des gens qui y vivent et tout!) offrant une vue imprenable sur le lac avec ses maisons, son cimetière et sa salle de réunion... Et pour couronner le tout, la St. Faith Anglican Church: un vrai exemple de ce que peut être un mélange de deux cultures. Il s'agit d'une église entièrement décorée dans le style maori (gravure sur bois, panneau à décors géométriques tressés, etc.) dans le respect de la litturgie chrétienne. Le meilleur exemple de cet étrange mélange se situe à droite du coeur de l'édifice; en transparence sur une fenêtre on peut voir un christ marchant sur le lac et... habillé d'un manteau maori)!!! Il faut être à la mode pour gagner le coeur des gens... il a tout compris J-C!

La maison de réunion de Ohinemutu.
St. Faith Anglican Church.
La nef principale de St. Faith.
Le Christ maori
Après la découverte de ce trésor caché, j'ai marché jusqu'à la Sulfur bay, une zone très intéressante d'un point de vue géothermique. J'y ai vu des plantes très curieuses qui ont évolué de sorte à pouvoir vivre dans ces conditions ainsi que des oiseaux venus chercher de la nourriture dans la baie. On y trouve également des "maori warden" qui vous arrêtent pour vous dire de changer d'itinéraire. Euh ouais... deux d'entre eux m'ont interpellée un peu paniqués pour me dire que je me dirigeais dans une zone très dangereuse de la Sulphur Bay... je me suis donc gentillement écartée du chemin tout en me disant que le sentier de randonnée était bien balisé et que je n'avais pas du me tromper. Quand ils sont partis, j'ai re-jeté un bref coup d'oeil à mon plan du secteur et, convaincue que j'étais sur le bon chemin, j'ai discrètement rejoint le sentier à nouveau. Et je ne m'étais pas trompée car j'y ai croisé des randonneurs et même des gens qui s'était écartés de la zone balisée pour observer les formations de souffre de plus près (alors que des avertissements ornent le bord des sentiers un peu partout). Bref, j'ai pas trop compris...
La Sulphur Bay.
Les sols fumant qui bordent la Sulphur Bay.

Le lendemain, je suis allée au marché où j'ai pu m'acheter un "hangi". Il s'agit d'un plat traditionnel maori qui combine une viande (le plus souvent de la volaille) avec des pommes de terres, du kumara (patate douce) et des herbes. Le hangi est aussi associé à une méthode de cuisson qui consiste à cuir les aliments à l'étouffé dans un trou creusé dans le sol. Pour un premier essai c'était plutôt pas mal... par contre le pain frit qui accompagnait mon plat (une autre specialité maori semble t-il) était beaucoup moins léger et raffiné. Heureusement, les oiseaux se sont chargés de me filer un coup de bec. Pour digérer, je suis allée me promener au Kuirau Park où l'on trouve des mares d'eau chaude aux couleurs incroyables.
Yummy Hangi; avec une présentation est un peu lacunaire je dois avouer. (Et par pitié, pardonnez-moi pour le sac plastique mais ça coulait de partout!!!)
Magnifique mare colorée.

Le ranch est situé tout près des "Hells Gate", le parc géothermal le plus actif de Rotoura. De part cette proximité, il ne fallait absolument pas que je le rate. Franchement, l'entrée est un peu chère (à l'instar de tous les autres parcs de ce genre dans la region) mais ça vaut vraiment le coup! On se croirait dans un autre monde: volcan dans lequel la boue mijote (l'eau est si chaude que la boue est déjà sèche en sortant), petits lacs acides aux belles couleurs, sols recouverts de cristaux de souffre, bassins d'eau bouillante... absolument fascinant! On y trouve aussi  le seule complexe de bain de boue de Nouvelle-Zélande (mais attention,  il faut payer un supplément). D'après la légende maori,  une princesse se suicida après une querelle domestique dans l'une de ces mares qui porte désormais le nom de la jeunes maoris, "Huritini" (je commence à penser que les maoris aiment bien les histoires dans lesquelles les gens se suicident, cf: la légende du Mount de Tauranga). En sachant que les maoris vivant à cet endroit mettaient leurs aliments dans ces mares pour les faire cuire, je vous laisse imaginer la scène (ou pas...).
Ce volcan boueux est actif et entre en éruption toutes les sept semaines.
"Les portes de l'enfer" portent décidément bien leurs noms.
Vous prendrez bien un bain de boue à 110°C?
Jolies cristaux de souffre proche de la "gueule du diable".

Il y aurait encore beaucoup à dire sur cet endroit très riche et sur ces superbes journées que j'y ai passé... Malheureusement j'ai du retard sur mes articles et je vais m'arrêter là.  Je voulais cependant conclure tout ça en remerciant très chaleureusement Christopher et Jennifer pour leur super accueil. Je leur souhaite par ailleurs tout le meilleur pour leur nouvelle vie de couple marié. Je souhaite également exprimer toute ma gratitude à Paul et Uria qui sont des gens absolument charmants et qui m'ont reçue avec le coeur sur la main. À tout ce beau monde: un grand merci!

jeudi 25 février 2016

Tauranga

Tauranga, située sur la Bay of Plenty, ne fait pas vraiment partie des incontournables du pays et pour tout vous dire, cette étape n'était pas dans mon itinéraire. Mais, étant donné que la ville est située à mi-chemin entre Coromandel et Rotoura (ma prochaine étape), que l'on m'en avait dit beaucoup de bien et que je connaissais, depuis peu, quelqu'un qui y vivait, j'ai décidé d'y passer quelques jours. 

Malheureusement, Maria, l'Argentine que j'ai rencontré à Paihia, n'a pas tout de suite répondu à mon sms... J'ai donc décidé, pour la première fois depuis le début du voyage, de réserver une nuit dans un dortoir "Female only". Je n'ai rien contre le fait de dormir dans la même chambre que des messieurs mais suite à quelques mésaventures olfactives (odeurs de pieds) et sonores (ronflements) relativement désagréable, j'ai eu envie d'essayer cette alternative. Il s'est trouvé que le dortoir se trouvait dans un appartement réservé à l'écart des autres occupants de l'hôtel. De part cette situation, je me suis d'abord un peu sentie comme dans un couvent. Mais après m'être rendue compte que le 50% des occupantes étaient en couple, j'ai vite oublié cette idée (quoi que l'on ne sait jamais très bien ce qu'il se passe dans les couvents).

Une fois installée, je suis partie découvrir la ville qui abrite le plus grand port d'exportation de Nouvelle-Zélande (grâce au transport de bois, ou "timber" comme ils disent). Tauranga est accolée à une autre ville nommée Mount Maunganui du nom du volcan "Mauao" éteint situé à son extrémité. Cette dernière est très connue pour ses excellents spots de surf. Bien que les deux villes soient indépendantes, cette proximité donne l'impression d'une seule grande ville avec deux centres villes. L'eau y est omniprésente, entre la mer, les rivières et les lagunes, ce qui confère à ces centres urbains un charme particulier.

Pour commencer mon exploration, j'ai fais l'ascension du "Mount". La marche se fait facilement car le "Mount Mauao" ne fait pas plus de 235 m de hauteur. La vue à 360 degrés sur la ville est superbe car le volcan est presque au milieu de la mer (cf: Le plan ci-dessous). Une légende Maori raconte que le volcan, alors sans nom, était amoureux d'une belle colline. Mais, il apprit avec chagrin que le coeur de la colline était déjà pris. Suite à cette triste découverte le malheureux volcan décida de se suicider en se jetant dans la mer. Pour mener à bien son triste projet, il fit appel aux esprits de la nuit. Toutefois, le soleil se leva et chassa les esprits avant qu'ils n'aient pu accomplir entièrement leur mission... Le mont, dorénavant seul au bord de la mer, porta le nom de "Mauao" qui veut dire "attrapé par l'aube". C'est t'y pas joli ça comme histoire?

La vue à mi-chemin... ça promet.
Mont Mauao : plan de situation.
La vue depuis le sommet du Mount (avec, malheureusement, un ciel pas très dégagé). 

Après l'ascension je suis aller manger le poisson du jour: ma première assiette de poisson frais depuis mon arrivée. Je ne sais pas de quel poisson il s'agissait mais c'était excellent. Heureusement que j'ai demandé du "gluten free" sinon il me l'aurait servis comme à leur habitude ici: en beignet dans le style fish&chips. À mon avis,  ce type de préparation dénature la saveur du poisson; et puis il faut avouer que c'est très gras! À ce propos le pays est un paradis pour les végétariens et les personnes consommant du gluten free et dairy free car dans la majorité des cafés et restaurants, les allergènes sont précisés et des alternatives sont proposées. On trouve très souvent des gâteaux sans gluten qui, cest important de le souligner car ce n'est pas toujours le cas, sont excellent! Pour ce qui est des supermarchés, on y trouve souvent un vaste choix de produits et de quoi se faire bien plaisir malgré cette contrainte.

Unknown fish&chips 
Plus tard, Maria m'a répondu et m'a proposé de venir me chercher avant son boulot pour que je dorme chez elle. Professeure de voile, elle occupe un appartement de fonction dans l'école donc autant vous dire qu'il est très bien situé et qu'il jouis d'une vue magnifique sur la mer et le "Mount". Avant d'aller travailler, elle ma preté les clefs de chez elle et m'a sorti son vélo pour que je puisse faire un tour. Ce que j'ai fais aussitôt et franchement... c'était top! Non seulement j'ai eu droit à un magnifique soleil mais en plus, la marée basse m'a offert le spectacle de cetaines d'oiseaux entrain de chercher des mollusques dans le sable. Je me suis arrêté toutes les deux minutes pour regarder le paysage et prendre des photos... à tel point qu'une grand-mère en bolide du 3e âge m'a dépassé 4 ou 5 fois avant que je ne la rattrappe à nouveau. Nous nous sommes échangé des regards amusés.

Mon vélo de compétition.
Des oiseaux qui digèrent sur un perchoir improvisé.
La vue sur le "Mount".
La mémé et son bolide supersonique qui me nargue en me dépassant. 
Après le travail, Maria m'a proposé d'aller manger dehors. Cest là que j'ai pu me payer ma premiere boisson alcoolisée du voyage. Oh joie! Non, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas devenue abstinente (entre ça et les pseudo-couvents douteux vous allez finir par croire que je suis devenue religieuse). J'attendais juste l'occasion adéquate pour le faire. En effet, en temps que voyageuse solitaire je n'avais pas envie d'aller seule dans un bar le soir pour picoler. J'aurai pu mais... voila. Et puis, les gens que j'avais rencontré jusqu'à maintenant ne buvait pas vraiment. Quand j'ai payé mon verre et celui de Maria, j'ai compris les raisons de cette retenue: 18$ pour deux cidres. C'est rare de trouver des produits plus chers qu'en Suisse...

Le lendemain, jour de mon anniversaire, j'ai dit au revoir à Maria et je suis montée dans le bus en direction de Rotoura. C'était sans compter le fait que je laissais ma tablette derrière moi...

dimanche 21 février 2016

Les 10 choses que vous ne saviez pas sur la Nouvelle-Zelande

Au fil de mes nombreuses lectures, visites guidées et découvertes de musée en Nouvelle-Zélande, j'ai eu l'occasion d'apprendre tout un tas de choses étonnantes à propos de ce pays si particulier. Voici donc un article pour partager avec vous ce que j'ai appris.

1. La Nouvelle-Zélande est le premier pays à avoir adopté le suffrage universel en 1893. Toute les femmes ont alors le droit de vote, y compris les femmes Maoris. Toutefois les Néo-zélandaises devront attendre 1919 pour pouvoir se porter candidates. Par ailleurs, en politique, les femmes ont toujours été très présentes. Ainsi, en 2006, cinq femmes ont simultanément tenues les plus hautes positions de l'Etat. Une première! 
Des sufragettes Néo-Zélandaises en 1893.

2. Le pays possède trois langues officielles: l'anglais, le maori et, depuis 2006, la langue des signes Néo-Zélandaise! Le maori n'est cependant pas enseigné à l'école publique. On trouve toutefois de nombreuses écoles privées dispensant des cours dans les deux langues et les non-maoris y sont nombreux. Il existe une chaîne de télévision en Maori depuis 2003.

3. La Nouvelle-Zélande compte deux hymne nationaux. Il s'agit de God Save the Queen et God Defend New Zeland. Elles existent toutes deux en version Maori.

4. Le territoire est l'un des plus tardivement peuplé du monde. Les premiers colons sont des polynésiens... il s'agit bien évidemment des Maoris. Ils sont arrivé en Nouvelle-Zélande autour de 1100 après JC (cela les distingues très clairement des Aborigènes qui, eux, occupent l'Australie depuis environ... 40 000 ans!!!). La terre n'est pas très accueillante pour ces nouveaux arrivant qui restent essentiellement sur les littoraux.

5. Certaines femmes maori pratiquent la polyandrie. C'est un fait qui se retrouve dans de nombreuses sociétés de type polynésienne. Dans le cas des Maoris, il s'agit surtout d'un privilège réservé à des femmes de très haut rang (Ariki). Le cas de Topeora, une femme chef, est le plus connu. 
Rangi Topeora.

6. C'est un pays non-nucléaire qui utilise essentiellement des ressources renouvelables. Cela ne l'empêche pas d'avoir des émissions de CO2 supérieurs à la moyenne mondiale... Mais c'est tout de même intéressant à relever. Cela débute dans les années 80 alors que des pays comme les USA ou la France font de nombreux essais nucléaires dans les atolls du pacifique. Cela importune fortement la nouvelle Zélande qui n'est pas très loin. Les rues voient défiler de nombreuses manifestations. Peu après, le Rainbow Warrior, bateau de protestation anti-nucleaire de Greenpeace ammaré à Auckland, est détruit par les services secrêts français. Rien ne va plus entre la France et la Nouvelle-Zelande et en 1987, la loi qui établie le territoire comme dénucléarisé est adoptée. Pour les néo-zélandais, ce choix est visionnaire... d'autant plus que le pays est situé sur le "Cercle de feu du pacifique" et qu'une catastrophe naturelle peut arriver à tout moment.
Le naufrage du Rainbow Warrior en 1985.

7. Le pays est l'un des plus strict en matière de bio-conservation. Son environnement est l''un des plus particuliers du monde en raison de son long (autant géographique que temporel) isolement. Depuis l'arrivée de l'homme plusieurs espèces ont été introduites dont certaines ont causé du tord aux espèces endémiques. (Avant cela, l'île ne comptait aucun mammifère terrestre, hormis la chauve-souris. La majorité de la faune étant composée d'oiseaux et d''insectes). Aujourd'hui, le pays fait beaucoup d'effort pour préserver son environnement (voir le point 10). En matière d'importation, le pays a placé un contrôle assidu de tout produit et personne entrant sur le territoire. Attention donc à la nourriture ou encore au matériel de rando quand vous arrivez à l'aéroport! (Risque de grosse amende! Une pomme peut par exemple coûter 400$).

8. Les "Ta moko" ne sont pas de simples tatouages.
Ces tatouages permanents sont l'expression unique de l'héritage culturel maori. Le visage, considéré comme la partie la plus sacrée, en est le support principale. En ce qui concerne les motifs, tout les symboles ont une significations et racontent l'histoire de son porteur et de ses ancêtres. Il s'agit donc d'une véritable carte d'identité qui révèle le rang, l'autorité, le pouvoir, son clan et le statut de la personne. Ceux qui ne portent pas de tatouages sont ceux qui n'ont aucun statuts social. La technique traditionnelle était très douloureuse et pouvait parfois entraîner la mort par infection. Aujourd'hui les maoris ne se tatoue presque plus le visage et ne font que se maquiller pour les touristes. Ils perpétuent  tout de même la tradition en se tatouant le corps avec les techniques actuelle. L'utilisation de moko par des non maori est vu comme une insulte (cf: la polémique de Jean Paul Gauthier en 2007).
Gottfried Lindauer, Homme maori, huile sur toile, Auckland Art Gallery, 1896.

9. Le kiwi est un oiseau très particulier et en voie de disparition. 
Cet oiseau nocturne de la taille d'une poule est l'emblème du pays. Le kiwi possède des pattes très puissante, une moustache de chat et des narines externes allongées ce qui le rend tout a fait exceptionnel. Ses ailes ridicules nous rappelles celles de ses cousins : l'autruche, l'émeu ou encore le moa (cet autruche néo-zélandaise gigantesque, pouvait peser jusqu'à 250kg. Il était le plus grand oiseau du monde jusqu'à ce que les Maoris le raye de la carte... il pouvait nourrir beaucoup de monde et était tellement très facile à chasser. Une poule géante qui ne sait pas voler... c'est sur!). Les oeufs du kiwis  sont les plus gros du monde par rapport à la taille du corps (en moyenne, l'oeuf fait 15% du poids de la femelle kiwi contre 2% de celui de l'autruche). Mesdames si vous avez peur de faire des enfants en raison de la douleur de l'accouchement: pensez aux kiwis, ça devrait vous aider à faire face à cette difficulté. Malheureusement, les chiens ont tendance a les chasser et leurs oeufs sont mangé par des prédateurs qui ont été introduit dans le pays. Ce qui m'amène au point suivant...
Des kiwis empaillés dans un musée de Rotoura.

10.  L'ennemi public numéro 1 est... l'opossum.
Originaire de Australie et introduit au 19e siècle pour sa fourrure, l'opossum impact très  négativement l'environnement néo-zélandais. Il en porte le qualificatif de ravageur au même titre que le rat ou la guêpe. Il s'attaque aux arbres, pillent les nids et dévorent les oeufs. Pour cela, ils sont haïs par les néo-zélandais qui n'hésitent pas à les tuer s'ils en ont l'occasion. En plus des chasseurs amateurs, le département de la conservation a installé des pièges  et disposé du poison (parfois très dangereux pour l'environnement comme le 1080) dans de nombreux parcs nationaux du pays. Bref, c'est un vrai massacre! Les opossum tués finissent dans les magasins de fourrure et cela représente un marchée juteux. En Australie en revanche l'animal compte de nombreux prédateur et possède le statut d'espèce protégée. Et après ça, voila ma question à 10'000$ (ouais je suis en Nouvelle-Zélande donc je m'adapte): pourquoi les néo-zélandais ne donneraient pas leurs opossum aux Australien au lieu de les massacrer sans compassion? À mon avis, cette histoire de fourrure y est pour quelque-chose...
"Nous avons un gros problème", photo d'une affiche se trouvant au site d'information de Punakaiki.




jeudi 4 février 2016

Whitianga - Coromandel

La péninsule de Coromandel est un vrai petit paradis truffé de magnifiques plages, de belles montagnes et de superbes sentiers de randonnée. J'y ai passé quelques jours avec Mariola, une fille que j'ai rencontrée à Auckland. Je suis partie seule à Bay of Islands puis je l'ai rejoint à Auckland pour qu'on puisse faire la route ensemble.

Nous avons choisi de séjourner dans la ville de Whitianga (en maori, le "W" suivi d'un "H" se prononce "F") car elle nous paraissait être un bon endroit pour rayonner dans la région. Cest, semble-t-il, un coin est assez touristique (la ville compte 3500 habitants réguliers contre 20 000 habitants en haute saison) mais je n'ai pas trouvé qu'il y avait beaucoup de monde. Cela m'a permis de constater que la Nouvelle-Zélande est vraiment un pays très calme. Ainsi, quand un Kiwi vous dit que c'est "crowded" ou "very busy" il faut le comprendre comme "ce n'est pas désert". Combien de fois je me suis dit: "s'il y avait un coin comme ça en Europe, il faudrait réserver / venir à l'avance / supporter la foule, etc". Mais étant donné que le pays n'est pas très densément peuplé (4,4 million d'habitants dont 1,5 millions à Auckland pour une superficie de 270 000 km2. En sachant que la Suisse compte 8,2 millions d'habitants pour une superficie de 41 000 km2) et qu'il est relativement isolé (ce qui dissuade un peu les touristes), il y a de la place partout, sur la plage, dans les cafés-restaurants, hôtels etc. Une chose est certaine: si un Néo-Zélandais se retrouve sur la Costa Brava en plein mois d'août, il risque d'avoir une crise d'agoraphobie aigue. Mais passons...

Nous avons d'abord visité Cathedral Cove; une plage avec de remarquables formations rocheuses calcaires sculptées par l'érosion. Cependant, c'est surtout l'arche, creusée naturellement par la mer, qui attire le plus l'attention. On ne peut la traverser que par marée basse. Personnellement, l'endroit m'a quelque peu rappelé les "12 Apostles" de la "Great Ocean Road" en Australie, bien que les proportions soient légèrement différentes. J'ai appris plus tard que des séquences du second volet du "Monde de Narnia" avaient été tournées à cet endroit. Je dois admettre que je n'ai pas vu les films et que, dans le fond, je m'en contrefiche mais c'est juste pour frimer un peu. (Vous me direz que je ne fais que ça en vous parlant de mes vacances et en vous montrant mes magnifiques photos pendant que vous êtes en train de travailler et de subir le froid... Que voulez-vous, j'ai des tendances sadiques).

Sous la grande arche.
Vue sur l'arche depuis la plage.

Le site est accessible par un sentier de randonnée fort sympathique. Il faut marcher environ 25 minutes donc ne tenez pas compte du panneau qui en indique 45 : ça c'est la distance quand on est en tongs. D'ailleurs, même si l'envie de se baigner est très forte: la marche en tongs n'est pas recommandée! J'ai bien rigolé quand j'ai vu les touristes en entrain de sautiller sur les chemins caillouteux (dixit: celle qui a fait Urupukapuka en sandalette).

Formations rocheuses de Cathedral Cove.
Te Hoho, le gardien de Cathedral Cove d'après les Maoris.

Mariola et moi à Cathedral Cove (et à l'ombre!).
Nous nous sommes ensuite rendues à Hot Water Beach, une très belle plage qui fait partie des "must do" du pays. On ne s'y baigne paradoxalement pas dans la mer (la baignade y est même fortement déconseillée en raison des courants très dangereux). C'est sur le sable que tout se passe. En effet, des roches volcaniques, situées à une quinzaine de mètres sous la terre, chauffent de l'eau qui remonte à la surface par des fissures (fait bien curieux car il n'y a plus d'activité géothermique sur la péninsule depuis bien longtemps). Il suffit alors de creuser pour se créer un spa 100% naturel. Bon, en fait, c'est un peu plus compliqué car il faut tenir compte des horaires de marée et il faut trouver le bon endroit pour creuser... Eh oui! Il faut trouver ces fameuses fissures et ce n'est pas toujours facile!

La plage est plutôt tranquille quand on s'éloigne des sources.
Au moins, on est tout de suite prévenu.
La chasse à l'eau chaude est ouverte!
Quand on y est allé c'était bourré de gens (ouais pour une fois c'était vraiment "very busy") tout ce monde en train de creuser on se serait cru sur un chantier. Pour nous ce fut un échec : pas de pelle (mais on a apprit après qu'on pouvait en louer sur la plage; échec +1), pas de place pour creuser... on s'est contenté de regarder les autres, de les encourager puis... de squatter leurs piscine chaude (quand il y en avait, car le 50% des gens ne creusait pas sur les fissures). Ah, qu'il est bon de se prélasser pendant que les autres travaillent parfois! Par contre attention: obligation de mélanger avec de l'eau de mer car l'eau est très chaude et peut approcher les 65°C.

Le dernier jour nous avons fait une randonnée jusqu'à Shakespeare Cliff pour voir la superbe vue sur la Mercury bay. Nous avons ensuite marché jusqu'à Cooks Beach pour une bonne baignade. La plage porte le nom du capitaine Cook car il s'y est arrêté pour observer le Transit de Mercure, d'où le nom de la baie également. Sur la plage, nous avons vu un oiseau (un Oystercatcher) en train se surveiller son bébé et... son oeuf!!! C'était trop meugnoooon!

Pendant la marche.
Ce n'est pas encore Pâques, mais je vous invite à chercher l'oeuf.
Après cette sympathique étape, il était temps pour Mariola et moi de nous séparer et continuer à notre guise nos aventures. Pour elle: direction Auckland à nouveau; pour moi: Tauranga.