lundi 13 juin 2016

Tu sais que tu es un backpacker quand...

1. Négocier pour économiser 1CHF te paraît parfaitement légitime. Bah ouais... avec ça tu peux te payer le dîner! Non mais!

2. Tu commences à connaître ton numéro de passeport par coeur à force de l'écrire partout.

3. Tu as répondu un nombre incalculable de fois aux questions: "Where do you come from?" et "How long have you been travelling?". Spéciale dédicace aux secondos ("suisses étrangers de seconde génération") qui doivent en plus expliquer pourquoi ils parlent plusieurs langues.

4. Tu as envie de faire la danse de la joie quand tu trouves un endroit avec une bonne connexion wifi. Et s'il n'y a pas de password: c'est la fête du slip! (Enfin, ça c'est si tu n'as pas cédé à la tentation de t'acheter une carte sim locale pour avoir la 3G.)

5. Les fraises, les cerises, les pêches, les mûres et les framboises sont entrées dans la catégorie des fruits exotiques.

6. L'idée qu'il peut y avoir de l'eau potable dans les robinets ne te traverse même plus l'esprit.

7. Tu apprends à passer de super moments avec des voyageurs et/ou des locaux tout en sachant que tu ne les reverra peut-être jamais après leur avoir dit au revoir.

8. Tu n'envisages plus la vie sans une douchette de toilette pour te rincer le popotin. (Beurk ces occidentaux sont vraiment dégueulasse avec leur PQ!)

9. Tu tuerais pour manger à nouveau du fromage, du bon pain croustillant ou une bonne pizza au feu de bois ainsi que de siroter un verre de vin qui ne soit pas de la piquette.

10. Tu n'éprouves aucune gêne à parler des dérèglements de ton transit intestinal avec d'autres voyageurs que tu ne connais pas. Après tout, on est tous dans la même merde,  si j'ose dire...

11. Tu essaies de te remémorer à quoi ressemble une baignoire... mais sans succès.

12. Tu ne sais pas quel jour tu vis, et tu t'en fiche complètement.

13. Lorsque, après quelques jours, tu prends un peu tes marques dans un endroit et que tu es tout fier car tu commences à reconnaître les rues, les gens du quartier, etc. #likehome

14. C'est Noël avant l'heure quand tu trouves un reste de gel douche dans les douches communes.

15. Le masca... Quoi? Le eyelin... Quoi? Ouais non le maquillage, tu ne sais plus t'en servir (et de toute manière tu évites scrupuleusement de te retrouver face à ton reflet).

16. Pour communiquer avec les autres, pas besoin de mots. De toute manière tu as developpé des skills pour parler à l'aide de tes mains et d'expressions faciales.

17. Pendant le voyage, ton sac à dos c'est toute ta vie... il représente ton univers condensé dans un seul et même endroit. Tu as developpé un attachement métaphysique à cet objet. Aussi, tu sais qu'à ton retour, même s'il est foutu, tu le gardera précieusement.


18. Tu n'as plus qu'une seule envie: c'est de repartir  (en plus maintenant tu as plein de nouveaux amis dans le monde qui t'accueilleront volontiers chez eux).

lundi 30 mai 2016

Les 6 huiles essentielles indispensables pour voyager

En général, lorsque j'ai un petit soucis de santé, je préfère me soigner, dans un premier temps, de manière naturelle et de ne prendre des médicaments qu'en dernier recours. En voyage, je m'applique à faire la même chose et j'emporte donc systématiquement mes petites fioles d'huile essentielles. Elles se révèlent d'autant plus nécessaires que les médicaments sont différents à l'étranger et qu'ils sont parfois douteux (comme en Asie du Sud-Est ou les faux abondent). De plus, je n'ai pas forcément envie d'emporter avec moi tout l'atiraille de la parfaite pharmacienne (question de place et de poids). Ci-dessous, je vous révèle donc quelles sont les huiles essentielles (abrégées "HE") que j'emporte pour soigner ou prévenir les petits désagrements classiques que l'on peut rencontrer en voyage.

LAVANDE 
Cette HE aux vertues calmantes, m'est très utile lorsque j'ai du mal à m'endormir (cela m'arrive souvent en début de voyage quand je dois me désacoutumer de mon lit). Je verse 3 gouttes sur l'oreiller pour m'endormir comme un bébé. Vous pouvez également employer l'HE d'Orange douce qui possède les mêmes vertues apaisantes (et elle est moins chère!). Cependant, je préfère la lavande car elle est plus polyvalente (antiseptique et cicatrisante, elle peut s'utiliser en friction localisé pour soulager des problèmes de peaux).


MENTHE POIVREE
Si comme moi vous souffrez du mal du voyage, cet huile vous sauvera la vie. Dès que les symptômes de nausée aparaissent, je verse 2-3 goutte sur un vieux tissu  (ou un mouchoir en papier) et je l'inhale jusqu'à ce que je me sente mieux. Ca marche du tonnerre! La menthe poivrée est aussi très utile pour soulager le mal de tête: je met une goutte sur chaque tempe et ca va tout de suite mieux! Le baume du tigre de couleur blanche peut s'employer de la même manière et est tout aussi efficace.

EUCALYPTUS 
Si vous partez en vacances à la montagne durant l'hiver, cette HE est incontournable! Pour lutter contre une infection des voies respiratoire ou un nez bouché, je met trois gouttes sur mon poignet puis j'inhale très profondément. Redoutablement efficace et... quel réconfort!

GINGEMBRE
Si j'ai un petit coup de mou j'utilise cet huile en inhalation pour un effet booster.  Mais le plus souvent, je m'en sert en cas de problème digestif : diarrhée, ballonnement, etc... problèmes classiques lorsque l'on voyage dans les pays exotiques. Pour me soulager, je met quelques gouttes sur mon ventre (encore mieux si elle est diluée avec une huile végétale) puis je fictionne doucement dans le sens des aiguilles d'une montre. L'HE de Saro (en friction tout comme l'HE de Gingembre) et l'HE de Cannelle (par voie orale, une goutte dans une cuillère à café de miel) sont également très efficace.

GAULTHERIE
Cette huile à l'odeur puissante vous rappelera certainement quelque chose si vous utilisez du Voltarène ou du Perskindol. En effet, très efficace contre les douleurs musculaires et articulaires, elle fait souvent partie de la liste des ingrédient de ce genre de crème. En ce qui me concerne, après une chute ou une longue randonnée, je masse la zone endolorie avec 3 gouttes de cette HE.



ARBRE À THÉ
À mon sens, l'arbre à thé est absolument indispensable. Cicatrisante, antifongique, décongestionnante... une vraie HE à large spectre! Personnellement, je l'utilise le plus souvent pour me désinfecter les mains (1 goutte dans un paume et je frotte) ou pour soulager les piqûre de moustiques (je met une goutte sur chaque piqûre).

J'espère que cet article vous encouragera à prendre soin de vous de manière plus naturelle en voyage. Faites attention tout de même: Les HE sont très puissantes et il faut les utiliser avec précaution. Faites attention à ne pas toucher vos yeux après utilisation, évitez la lumière et les gros écart de température (ce qui, je l'admet, n'est pas toujours évident en voyage). Attention également aux contre-indication chez les enfants de moins de 6 ans, les femmes enceintes, les personnes âgées et les gens facilement allergiques!


lundi 9 mai 2016

Les choses drôles et incongrues de par le monde

Les voyages autour du monde sont des occasions privilégiées de s'émerveiller devant de magnifiques paysages, de rencontrer des gens intéressants et d'étoffer sa culture générale. Mais pas seulement...! Il arrive parfois de tomber sur des choses parfaitement étranges et inattendues qui nous surprennent à un point que l'on ne peut s'empêcher d'en rire. Peut-être est-ce aussi cela le choc des cultures?

À toutes les mères qui nourrissent le fantasme inavoué de pouvoir uriner aux côtés de leur enfant chéri: il est maintenant possible de réaliser ce rêve à Hong Kong. OUF! On allait finir par ne plus y croire!
  
Si la proximité à la Hongkongaise vous gêne un peu... Vous pourrez tout de même discuter avec votre voisin par la fenêtre depuis cette auberge situé à Welligthon. (Si, si on ne voit pas sur la photo mais la vue sur le salon du voisin est sublime depuis cette fenêtre). Et s'il est en vacances, vous pourrez au moins en profiter pour sublimer le bronzage de vos cuisses.

Cherchez l'erreur sur cette plaque commémorative...
Oooops! Une faute d'orthographe. On recommence tout ou on ajoute subtilement la lettre manquante ? Ah les joies de la gravure sur pierre... vivement l'invention de Microsoft Word!
Dans cette boutique située à Queenstown, il est parfaitement possible de tester un masque capillaire au milieu du magasin. Je laisse travailler un peu votre imagination afin que vous puissiez me dire comment on peut le faire sans avoir l'air ridicule (rinçage obligatoire d'après les conseils d'utilisation... c'est pas gagné).

Jouer la carte de la médecine naturelle c'est savoir prendre des risques. Vous reprendrez bien un peu de placenta ou du sang de cerf? Miam!

Quand les campervans de location néo-zélandais font de l'humour... c'est d'une subtilité et d'un raffinement inégalable. 

Si vous marchez dans la rue et que l'envie irrépressible de danser vous prend soudain... ne cherchez pas à contenir ce groove. Foncez plutôt vers ce "Dance O Mat" à Christchurch puis mettez une petite pièce, branchez votre Ipod, attendez que la boule à facette s'allume et c'est parti! C'est vous la star!

À Bali, vous pourrez vous procurez des paniers garnis de bons produits du terroir. Qualité "fait maison'' et fraîcheur garantie.

Pour continuer le chapitre consacré aux délices gastronomiques... Qui veux d'une brioche chocolat-fromage?

Vous souhaitez tirer le portrait de votre bambin sous son meilleur jour? Ne cherchez plus! Ce photographe de Phnom Penh saura répondre à vos attentes en photographiant votre progéniture dans les poses les plus enchanteresses et pudiques qui soient!
Envie de mettre de la couleur dans votre poulailler?! Direction le marché aux oiseaux de Yogjakarta pour vous laissez tenter par un compagnon vachement stylé et montrez-le fièrement à vos amis qui en deviendront vert, rose ou violet de jalousie!
Quoi?!? J'ai pas le droit de faire la colonne droite pour me soulager??? Non mais c'est scandaleux de m'empêcher de faire des choses si élémentaires dans ces moments précieux d'intimité. Bon, est-ce que je peux au moins essayer le poirier? 
Si vous avez oublié votre toile pour exercer vos talents d'artiste, n'oubliez pas qu'un Bernard-l'hermitte peut-être un parfait support! Et si vous manquez d'imagination, "Hello Kitty" est un thème très swag de nos jours. ABE.
Vous êtes dans une laverie qui dispose d'un spot Wifi au Cambodge? Alors toutes les conditions sont réunies pour que vous puissiez admirer "monsieur Sumo-Wifi" dont la photos se trouve sur toutes les devantures des laveries connectées du pays. Sumo, planche à repasser, wifi... Vous ne voyez pas le rapport??? Moi non plus...

En sachant que j'ai parfois dû passer pour une folle en prenant certaines de ces images (je vous raconte pas la tête de mon voisin de bus quand il m'a vu prendre la photo du bébé qui se touche le zizi), j'espère que cet article vous aura plu. En tout cas, n'oubliez pas que le monde est fou mais c'est aussi pour ça qu'il est passionnant!

samedi 23 avril 2016

Surabaya

Pourquoi suis-je allée à Surabaya? Une question que je me suis posé tout le long de mon séjour dans cette ville de fous. Reprenons les choses depuis le début....

Si vous passez moins de 30 jours en Indonésie le visa d'entrée est gratuit (dépasser les 30 jours c'est une amende 20 chf par jour). En revanche, si vous comptez rester plus longtemps, il faut faire un visa renouvelable (une seule fois) qui se paye à l'arrivée (35 US$). Il faut alors faire une demande d'extension auprès des services d'immigration environ 10 jours avant la date d'expiration. Vous aurez alors le droit de rester encore 30 jours. La plupart des gens qui ne souhaitent pas s'enquiquiner avec ces formalités font le visa gratuit puis prennent un vol aller-retour pour Singapour (la grande ville la plus proche) pour pouvoir revenir sur le territoire avec un nouveau visa gratuit de 30 jours. Pour moi, il était hors de question de polluer autant juste pour un visa... J'ai donc décidé de le renouveler et tant pis si ça prenait plus de temps, si ça coûtait plus cher où si c'était compliqué! En effet, ça l'est... la plupart des gens payent des agences pour le faire à leurs place. J'ai personnellent décidé de faire les démarches moi-même car dans un premier temps, cela coûte beaucoup moins cher (350 000 rp pour la solution "débrouille" contre 700 000 rp ou plus pour la solution "assisté") et, dans un second, c'est bien la meilleure façon de connaître un pays que d'avoir affaire à ses administrations. À Bali, cela prenait 10 jours! (Oui car il faut venir une première fois,  puis revenir pour se faire tirer le portrait puis encore revenir pour récupérer son passeport). Après quelques recherches sur internet, j'ai vu qu'à Surabaya le délai d'extension ne durant que 4 jours environ (la ville est peu touristique et donc moins submergées par les demandes). En sachant que Surabaya est un bon point de départ pour aller visiter le mont Bromo je me suis dit "go"!

Après y être arrivée... je me suis directement rendue au bureau de l'immigration. Je n'avais pas oublié de mettre un pantalon et un léger pull à manches longues pour l'occasion (dans les administrations gouvernementales il faut bien s'habiller pour être pris au sérieux). Une fois entrée dans le bureau, tout le monde me dévisageait... Une fois les papiers remplis, le type de l'immigration m'annonce qu'il faut revenir le lundi pour la photo et repasser mardi chercher le passeport... on était mercredi! "J'avais pourtant lu 4 jours sur internet!" Eh ben, le bureau est fermé le samedi et dimanche... Je me suis fait avoir! "Bon bah zut, je vais rester coincée 7 jours dans cette ville... espérons au moins qu'il y aura des choses chouettes à faire". Je n'allais pas être déçue!

Une fois sortie du bureau, j'ai pris mon premier bemo (il y en a très peu à Bali) pour rejoindre mon hôtel. Une petite dame assise en face de moi avait tellement de la peine à me voir voyager seule avec mon gros sac qu'elle a insisté pour me payer le trajet. Je ne voulais pas accepter car le prix était dérisoire pour moi (à peine 40 cts) mais ça lui tenait tellement à coeur que je l'ai laissé faire. Quelle gentille dame! Sa générosité m'a fait bien plaisir alors que je commençais déjà à trouver cette ville un peu grise.

Surabaya est la deuxième ville et le premier port du pays... dois-je vous faire un dessin pour vous expliquer le genre d'endroit que c'est? Pollué, bruyant et agité. Une vraie jungle! Qui plus est, la ville est très peu tournée vers le tourisme. Ses activités sont d'avantage centrées sur le commerce et les industries, ce que j'ai compris dès l'instant où je suis arrivée dans mon hôtel: les réceptionnistes parlaient très mal l'anglais et mes compagnons de chambrée étaient quasiment tous des Indonésiens venus pour le travail. À ce propos, je promet de ne plus jamais râler contre quelqu'un qui fait du bruit dans un dortoir car après en avoir tester un avec des Indonésiens (qui font la prière dans leurs lits et chantent à 5h du matin après avoir tapé la discussion à haute voix avec les copains / copines) mon seuil de tolérance est passé à un niveau supérieur. "Mais qu'est ce que je fou là, sérieusement ?".

Le dortoir dans mon hôtel: un peu froid mais propre (et au milieu c'est mon sac à dos!).
Ma première balade dans la ville n'a fait que confirmer le fait qu'aucun touriste ne mettait les pieds ici... tout le monde me regardait. Assez gênée, j'essayais d'être détendue, de garder le sourire tout en faisant fi des innombrables "hello Mister" lancée par les Indonésiens. (Va savoir pourquoi ils ne connaissent pas le féminin de "Mister".)

Autre particularité de la ville, la densité de son trafic et le manque d'infrastructure piétonne (il n'y a pas de trottoirs et, s'il y en a, ils sont dans un piteux état). Le problème se pose également à Bali et dans d'autres villes du pays mais ici, du fait de l'importante taille de la ville, c'est le paroxysme. Au départ, j'ai naïvement pensé que j'allais pouvoir me balader! Mouais... J'en rigole encore doucement car, en réalité, marcher dans cette ville relève de l'exploit ou... du suicide! "Ahhh! C'est pour ca que personne ne marche ici???" Il ne faut pas être impatient pour traverser les rues car les automobilistes se fichent pas mal des passages piétons (quand il y en a) et... des piétons (je me demande même si le mot "piéton" existe en Bahasa Indonesia). Personne ne s'arrête... et regarder les automobilistes avec un air désespéré du genre "je suis une pauvre âme innocente qui attend depuis 10 minutes pour traverser" n'y changera rien. Il faut donc attendre ce moment bien précis durant lequel il n'y aura juste pas assez de voiture ou de scooter pour se faufiler (parce qu'il n'y aura jamais un seul moment où il n'y aura rien... ça il faut en être certain). Ratez ce moment et vous êtes bons pour attendre 10 autres minutes. Et que dire des voitures qui passent au rouge? Comme si le code de la route n'existait pas! C'est tout bonnement surréaliste.

Une rue encombrée  de Surabaya... mais pas la pire.
Bref, l'anti-voiture que je suis a reçu un gros coup dans la figure. En fait, c'est la militante écolo toute entière qui a été comme jetée du haut d'une falaise car ici l'écologie n'est même pas encore arrivé au stade du concept... il n'y a qu'à voir le plastique: omniprésent. Bref, j'ai souffert un peu (beaucoup!) mais j'ai essayé de prendre sur moi.

Mon instinct de survie m'a poussé à faire comme les locaux: me réfugier dans les centres commerciaux, seuls endroits où la marche à pied est possible et où la chaleur suffocante de la ville n'est plus qu'un lointain souvenir. J'ai ainsi flâné dans le Central Plaza ou le gargantuesque Tunjungan Plaza, l'un des plus grands centre commerciaux d'Asie.
Le Tunjungan Plaza... Mon refuge doré.
Mon besoin de découverte m'a tout de même donné envie d'explorer la ville. Je me suis donc "baladé" (pour faire court; car sinon je dirais plutôt "zigzaguer entre les voitures et les vendeurs ambulants"). J'ai visité le "Monument des héros" et la "House of Sampoerna", première fabrique de kretek du pays. La kretek (en roulant le "r" s'il vous plaît) est la cigarette nationale, constituée de 50% de tabac et de 50% de clou de girofle. Sachant que les Indonésiens fument tous comme des pompiers, je me suis dit que c'était quand même quelque chose à voir. J'ai été guidée dans le musée par une indonésienne anglophone ("MERCI, quelqu'un avec qui je peux communiquer!"). Elle n'avait jamais fumé de kretek ce qui me laissait dubitative lorsqu'elle me vantait les mérites de la fameuse marque... mais les femmes ne fument pas ici. Elle m'a ensuite accompagnée au deuxième étage du musée, depuis lequel j'ai pu voir des centaines d'ouvrières entrain de rouler du papier fin et empaqueter à la main cet or brun et parfumé. Leurs mouvements rapides et précis m'ont hypnotisée pendant plusieurs minutes...
La kretek "234". THE original.
Un bateau en clous de girofle.
Le Tugu Pahlawan ou "Monument des héros". Symbole de Surabaya et de la résistance indonésienne pendant la seconde guerre mondiale.  
Toutefois, le point fort de mon séjour à Surabaya demeure incontestablement la visite du mont Bromo. Situé à 3h de route et culminant à 2400 mètres d'altitude, ce volcan suscite la fascination des touristes et des habitants vivant aux alentours. Ces derniers, qui ont conservé à l'instar des balinais leurs religion hindouistes (ce qui est rare sur l'île de Java), considèrent le mont Bromo comme sacré. En effet, il est non seulement une demeure pour les dieux mais également le lieu de naissance du dieu créateur Brahma (rien que ça!) ce qui explique la présence du temple au pied du cratère. Des cérémonies s'organisent parfois et des offrandes y sont alors jetées telles que des bonbons, des fleurs mais également des chèvres, des poules et tout et tout!
Le temple et le Mont Bromo en toile de fond.
Pour faire le trajet je me suis incrustée avec un groupe d'anglaises... c'est toujours plus fun et moins cher à plusieurs. Une fois sur le site, la poussière volcanique et la lave offraient un paysage lunaire absolument incroyable mais je dois avouer que je n'étais vraiment pas rassurée. Le volcan étant très actif (son ascension est parfois interdite) je ne me suis pas sentie très en sécurité après avoir gravi les marches qui me menaient au bord du cratère. Celui-ci faisait un bruit monstrueux (vous pourrez le constater sur la vidéo) et j'avais l'impression qu'il pouvait me péter à la figure à tout moment (même le guide n'était pas rassuré). J'ai donc juste pris le temps de faire quelques photos avant de rapidement redescendre. Petit moment d'angoisse...

Les trois anglaises et moi.
Vue du Bromo (à gauche d'où sort la fumée) et du mont Batok (le cône à droite) depuis le mont Penanjakan.
Vue depuis le haut du cratère sur la mer de poussière.
Les marches pour monter au cratère. 
Le lendemain, je suis allée voir un spectacle de rue gratuit. Il s'agissait de Reog, une danse de transe javanaise au cours de laquelle des jeunes hommes démontrent leurs force physique. J'ai filmé le plus jeune des danseurs et ses prouesses... trop chou!!! C'était une super expérience tout à fait authentique (avec un public composé à 100% de famille indonésiennes).


Pour conclure, il est vrai que je n'ai pas vanté les mérites de la ville de Surabaya dans cet article mais dans le fonds je ne regrette pas d'y être restée quelques jours car... c'est aussi ça l'Indonésie: des villes anarchiques sans aucune logique urbanistique, de la pollution, du bruit, des odeurs, etc. Et si je voyage pour en prendre plein la vue, je suis aussi là pour voir comment les gens vivent dans des environnements différents du mien. Surabaya, c'est le quotidien de plus de 3 mio d'habitant (et 5.6 mio si l'on compte la métropole urbaine). En comparaison, la Nouvelle-Zélande, compte au total 4 mio d'habitants!). N'est-ce pas donc pas une excellente manière d'appréhender le pays et ses habitants? Des habitants qui, malgré la grise mine de leur ville un peu morne, aiment cet endroit et gardent le sourire et le coeur ouvert aux rares touristes de passage.


samedi 9 avril 2016

10 jours à Canggu

Après deux mois de baroudage en Nouvelle-Zélande et deux semaines de visite autour de Bali, j'ai décidé de m'accorder un repos bien mérité en restant plus de 4 jours au même endroit (exploit!). Je pensais être capable de tenir le rythme mais voir chaque jour de nouvelles choses, de nouvelles têtes (et l'incessante question qui va avec: "where are you from?) d'assimiler de nouvelles informations... ça fatigue énormément le cerveau mine de rien! J'ai donc calmé quelque peu ma soif de découverte pour m'installer une dizaine de jours à Canggu au nord de Kuta, Legian et Seminyak. L'arrondissement de Canggu est le lieu idéal pour se poser: on y trouve de très bon spots de surf avec de belles vagues (idéal pour débuter) et la plage est beaucoup moins polluée et fréquentée que ses voisines du sud. De plus, on est plutôt au calme, les rues sont aérées et proches des rizières. Pour couronner le tout, Canggu compte de (très) bons restaurants dont pas mal de végétariens et même végétaliens, des bars et des hôtels sympas qui contentent toutes les bourses. Bref, pour une petite semaine de repos, je recommande vivement cet endroit.
Rizières à 5 minutes à vélo depuis mon auberge.
Néanmoins, la principale raison de ma venue à cet endroit est... Serenity. Une école de yoga comportant une eco-guesthouse et un restaurant healthy. Une fois arrivée je me suis donc empressée d'acheter le pass pour 7 jours de cours illimités (700 000 rp, soit environ 50 chf, c'est franchement raisonnable). Malheureusement, leurs chambres étant complètes, j'ai du séjourner dans une auberge de jeunesse un peu plus loin, la "Monkey House". L'établissement appartient à une très gentille indonésienne d'origine javanaise qui s'est associée à Ari, une surfeuse-osthéopathe catalane tombée amoureuse de l'endroit.

Pour le premier cours de yoga, je me suis inscrite pour du "Restorative yoga". Je n'avais aucune idée de ce que c'était mais jétais extrêmement motivée et me réjouissais de pouvoir bouger un peu...



Ben... raté! Pour ceux qui ne connaissent pas le "Restorative yoga", c'est une pratique qui permet de calmer l'esprit et de détendre le corps. Pour ce faire, on utilise des supports pour se poser confortablement dans des positions que l'on garde pendant 10 à 15 minutes afin de libérer les tensions que l'on pourrait ressentir. Bref, pour l'aspect dépense physique on repassera... et pour la détente de l'esprit alors? Disons que Bali jouit d'un super climat toute l'année, par conséquent, la salle de classe est ouverte sur l'extérieur. C'est très joli mais si vous ajoutez à cela le fait que le cours se déroule à 18h: "Bonjour les moustiques et autre bébêtes volantes très moches"! C'est clair que si j'étais un moustique je n'hésiterai pas... les gens qui méditent et qui ne bouge pas c'est un véritable "All you can eat". Donc, évidemment, j'étais incapable de me concentrer en essayant de me retenir de ne pas donner de violents coup de main pour chasser les coléoptères qui venait me chatouiller la nuque et les jambes... "Concentre toi sur ta respiration". J'ai essayé de le faire à un moment avec un moustique qui me piquait la joue en essayant de ne pas y penser, j'ai franchement regretté à la fin du cours. Grrrrr!  Ça gratte!

Que vous sachiez, cela ne m'a pas dégoûté du "Restorative yoga", au contraire... J'ai été tellement frustrée d'être passé à côté du cours que je me suis réinscrite le jour suivant... à 14h!!!

En plus du yoga, j'ai consacré pas mal de temps à faire du surf. Au début de mon séjour, j'avais envie de faire un cours avec un prof pour consolider ce que je savais (pas grand chose pour être franche, cela faisait moins d'un an que je pratiquais ce sport). J'ai proposé à une suisse allemande complètement débutante de se joindre à moi... Elle était motivée.

Sur la plage, la plupart des Indonésiens qui louent les planches de surf proposent des cours pour 350 000 rp / personne avec un prof par personne. Avec nos grands sourires, nous avons pu les négocier pour 100 000 de moins (je précise que 350 000 rp est le prix normal et que, surtout en haute saison, vous pouvez oublier de négocier un cours à 250 000). Après quelques explications succinctes et peu utiles, direction la grande piscine salée! Le cours était sympa mais sans plus car à part nous pousser dans les vagues et nous gueuler "up" au moment opportun, les mecs n'étaient pas d'une très grande utilité. La Suisse allemande qui m'accompagnait était contente car elle avait réussit à se mettre debout mais personnellement j'attendais un peu plus d'informations techniques et de conseils de leurs part. Bref, les profs sur la plage... pourquoi pas si c'est votre première fois mais sinon bof bof.

Du coup les jours suivants j'ai décidé d'y aller seule... et c'était super! J'ai pu faire de bons take-off et même quelques changements de direction! Youpi!
En mode "conquérante des mers".
Par contre, la mer était toujours très calme et il y avait beaucoup d'attente entre les vagues. Du coup, lorsqu'un matin, un surfeur dans mon auberge m'a dit: "si tu veux des vagues, c'est maintenant!" Ni une, ni deux, j'ai enfourché mon vélo direction la plage pour louer une planche et en profiter! Mais j'ai vite déchanté: il y en avait effectivement beaucoup... trop! Et en plus elles étaient énoooormes! Vous êtes déjà entré dans une machine à laver en marche...? Moi oui! Lorsque j'ai vu cette immense vague arriver derrière moi et que j'ai eu envie de la tenter quand même. Je me suis mise à ramer pour essayer de la prendre mais malheureusement elle a commencé à méchamment se creuser et à m'aspirer vers le haut, la pente était devenue trop raide... impossible à contrôler. J'ai piqué du nez vers l'avant et là... je ne pouvais plus rien faire à part attendre que ça passe. La vague m'a bouffé, digéré et tout le reste, une boucherie. C'est là que j'ai compris que le surf est non seulement un sport difficile mais aussi dangereux. Quoi qu'il en soit, après plusieurs douloureuses tentatives (un coup d'aileron de surf sur le bras, ça fait "aïe") je me suis décidé à retourner sur la plage et à faire une bonne grosse pause de surf... en fait, je n'en ai pas refait après car mon séjour touchait presque à sa fin. Je n'étais restée que 1h-1h30 dans l'eau mais j'étais exténuée. Ça m'apprendra à faire ma maligne!
Le coup d'aileron dix jours après...
À ce moment là, je me suis faite une réflexion existentielle : certain pense que le surf est un sport sexy... En effet, si l'on considère que c'est sexy d'avoir du sable collé partout (oui, absolument partout), des coups de soleil sur les fesses et les mollets (et nulle part ailleurs), le maillot de bain de travers, les cheveux emmêlés dans tout les sens, les yeux rouges ainsi que de l'eau de mer qui peut sortir de nos oreilles ou de nos narines à tout moment dans les 24h (oui oui, je vous jure c'est incroyable ce que l'on peut stocker là dedans! Pensez-y si vous avez besoin de passer du liquide dans un aéroport) alors oui c'est un sport incroyablement sexy! En tout cas, je vous raconte pas à quoi je ressemblais après la session "machine à laver", c'était loin d'être du propre!

Quoi qu'il en soit, le lendemain, je suis quand même retourné sur la plage pour m'y reposer un moment sans me baigner. Alors que je regardais attentivement les vagues dans une pose méditative, deux balinais sont venus m'aborder avec des lunettes de soleil dans les mains. J'allais gentillement refuser, pensant qu'il s'agissait de vendeurs ambulants comme on en trouve pleiiiin sur les plages, mais l'un d'eux a pris la parole avant que je ne formule mon refus: "Nous avons un client en Corée du sud qui réalise ces lunettes de soleil et nous cherchons un modèle pour poser avec (ah ouais j'avais pas vu qu'il avait un immense appareil photo dans ses mains!). Nous réaliserons des affiches publicitaires par la suite. Seriez vous d'accord de poser pour nous?" Et voilà comment je suis devenue mannequin en Corée! Par contre, j'aurai adoré partager ces photos avec vous mais je suis sûre qu'ils n'ont pas réussit à comprendre mon écriture lorsque je leur ait donné mon adresse e-mail: je n'ai toujours rien reçu.

L'un de mes rituels préféré pendant ces 10 jours à été d'aller voir le coucher de soleil. Les balinais comme les touristes se réunissent cérémonisement sur les plages pour ce magnifique et poétique spectacle, chaque jour différent... un enchantement! Comment ne pas aimer un endroit où la nature se donne à voir si facilement et généreusement?

Dernier couché de soleil avant le départ. 
Coucher de soleil post-surf. 

C'est avec l'esprit plus clair, les piles à bloc et la mémoire chargée de belles images et de souvenir que j'ai quitté Bali le 6 avril pour me rendre à Surabaya, deuxième plus grande ville du pays... une ambiance bien bien différente.




dimanche 28 février 2016

Rotorua

À Rotorua j'ai retrouvé Christopher qui vit en Nouvelle-Zélande depuis deux ans. Au départ, il était parti comme moi: à l'aventure, avec un sac sur le dos et avec la probable intention de rentrer au pays. Mais Cupidon en a décidé autrement! Ce coquin de bébé ailé hermaphrodite nu (je le décrit bien hein?) l'a amené à Cromwell où le jeune voyageur a rencontré Jennifer, une chilienne. Cette dernière était également partie sans imaginer qu'elle s'installerait ad eternam chez les kiwis. Aujourd'hui, ils sont mariés (depuis le 5 mars, youhou, félicitation!). 

Au départ, l'histoire n'était pourtant pas simple car les deux tourtereaux ne parlaient pas les même langues; pour Jennifer, c'était l'espagnol et pour Christopher, le français et l'anglais. Cela n'a pas découragé le jeune homme qui rêvait depuis longtemps d'apprendre la langue de Cervantes (à noter qu'il avait commencé à le baraguiner un peu lors d'un voyage en Amérique Latine). Ils ont donc discuté, discuté et discuté encore... jusqu'à ce que Christopher devienne parfaitement trilingue. Aujourd'hui, c'est donc en espagnol qu'ils communiquent au quotidien.

À mon arrivée à Rotoura, il était prévu que Christopher vienne me chercher après son travail. Mon bus étant arrivé bien avant qu'il ne termine, j'ai décidé de visiter le Rotoura Museum en l'attendant. Situé dans le "Government Garden", un magnifique jardin aménagé à la française, le musée prend place dans le bâtiment qui aceuillait autrefois les bains thermaux de la ville, la "Bath house". De style "Elisabetan Tudor", sa façade c'est l'un des édifices les plus photographiés de Nouvelle-Zélande... ce qui est parfaitement compréhensible!

"Government Garden" et la "Bath House".

Construit en 1908 pour accueillir des touristes venus du monde entier pour y faire des cures thérapeutiques, l'édifice est le premier investissement majeur du pays dans l'industrie du tourisme. Il faut dire que l'endroit a beaucoup de potentiel mais pour comprendre pourquoi, il faut mettre les choses dans leurs contextes...

L'île du nord se situe à proximité de "la ceinture de feu du pacifique", là où les plaques indo-australiennes et pacifiques se rencontrent. Les plaques entrent en collision, chauffant la roche et créant des chambres de magma qui chauffent les nappes phréatiques et peuvent parfois exploser sous forme de volcan. De ce fait, la ville de Rotoura se situe dans une région extrêmement active. Pour etre plus claire... la ville est située SUR un volcan GÉANT (les obsédés de l'insécurité devraient y faire un tour pour se faire une vraie idée de la notion). D'ailleurs son lac, du même nom, est une caldera formée par l'éruption d'un volcan... il y a bien longtemps. Quoi qu'il en soit, pas besoin d'être Einstein pour se rendre compte que Rotorua est située au coeur d'une zone géothermique: il suffit simplement d'ouvrir ses yeux, pour voir un peu partout des fumerolles de vapeurs s'échapper des fissures et flotter au dessus des jardins de certaines rues; et ses narines, pour sentir cette odeur de souffre un peu partout (il y en que ça dérange mais moi j'aime bien cette odeur, ça me donne envie de manger de l'omelette :P).

En gros, voilà pourquoi un tel lieu ne pouvait que se prêter à l'ouverture d'un immense centre thermal tel que la "Bath house". Heureusement, une partie du musée a conservé les anciens bassins et s'attache à expliquer aux visiteurs les différentes cures qui y étaient proposées.

Une autre partie du musée est consacrée aux tribus maori Te Awara qui comptent les descendants directs du groupe de polynésien svenu coloniser en premier la nouvelle Zélande avec le canoë nommé "Arawa". La tribu est basée autour de Rotorua et de Bay of Plenty.

Toujours dans le musée, une exposition permanente est dédiée à l'éruption volcanique la plus destructrice de l'histoire du pays. Cest aussi la dernière car elle remonte à 1886. Elle fut très brève mais extrêmement violente car le volcan (nommé "Mont Tarawera") s'est littéralement ouvert en deux créant une immense faille coûtant la vie à 120 personnes se trouvant dans le village "Te Wairoa". Une partie des victimes étaient des touristes qui se rendaient dans la région pour voir la "8e merveille" du monde: les "Pink terrasse" (des terrasses en silices de couleurs rosées). Celles-ci ont été complètement détruites par l'éruption et submergées par les eaux du lac voisin qui s'est considérablement agrandi avec l'éruption. Le village, enseveli sous une couche épaisse de cendre est désormais connu sous le nom de "Burried Village" et peut être visité. Un fait bien curieux dans ce drame c'est qu'un Maori tohunga (un prêtre) avait vu, dix jours avant le désastre, un canoë fantôme lui annonçant l'événement.

Bref, très instructif ce musée. Je le recommande vivement (ne laissez pas les 25$ d'entrée vous décourager)!
Les "Pink Terrasse " avant l'éruption de 1886.

Après la visite, Christopher est venu me chercher pour m'amener chez lui, au "Lake Ranch". Un endroit absolument charmant dirigé par Ross et sa femme qui s'occupent d'encadrer des groupes venus y passer des vacances. Le ranch propose principalement des activités équestres mais dispose également de terrains de tennis, de piscines, d'une petite ferme (avec des cochons, des poules, des dindes et même un âne) et d'un petit lac où l'on peut faire du kayak. Bref, l'endroit est un petit paradis et, alors que je ne comptais y rester que deux jours, j'y suis restée cinq.
Vue sur le lac du ranch depuis la maisonnette de Christopher
Chez Paul et Uria.
Autour de cette infrastructure, des petites mains travaillent pour faire en sorte que tout fonctionne... Jennifer fait partie de ce personnel et s'occupe de tout ce qui touche aux repas (elle fait les courses, prépare les plats et assure le service). En échange de ce travail colossal (que Jennifer a franchement du mal à gérer seule) elle est logée dans une toute petite maison constituée d'une seule pièce et d'une salle de bain. Aux vues de l'exiguité de l'endroit, le couple a demandé aux voisins, Paul et Uria, de m'héberger. Christopher n'a pas eu besoin d'insister beaucoup car Paul et Uria étaient plus que ravis de m'accueillir chez eux. Ce couple de maori travaille également au Lake Ranch, Paul s'occupe de l'accueil des jeunes et Uria aide Jennifer à la cuisine en cas de gros rush. Ce sont des gens adorable qui m'ont fait me sentir comme chez moi. Sans se rendre compte, ils forment une paire assez comique. Paul aime bien taquiner les gens et il est aussi très critique envers les kiwis; "stupid kiwis" est une de ses phrases préférée... Ils ne savent pas faire la fête, ne savent pas faire à manger, ne savent pas... faire grand chose. Et Uria le reprend sans cesse "don't be so silly Paul". Même si dans le fond, il est clair qu'elle est un peu d'accord. Il faut dire que, même si les choses tendent à s'améliorer, il existe encore beaucoup d'inégalités entre les maoris et les pakehas. Dans l'immense majorité des cas, les maoris sont situés en bas de l'échelle sociale et rencontrent pas mal de difficultés à s'intégrer notamment au niveau politique.
Christopher et Jenny (à droite), Paul et Uria (à gauche) et Connie, la soeur de Jenny (au centre).

J'ai oublié de préciser que je n'étais pas l'unique invité du couple. La cousine, la soeur et la nièce de Jennifer y étaient accueillis au ranch pendant 2-3 mois. Elles ont considérablement  aidé Jennifer à faire la cuisine (quoi que parfois les jeunes filles, en pleine puberté, étaient parfois davantage préoccupées par les jeunes maoris venant y passer des vacances que par les casseroles... Ce qui avait le don d'irriter considérablement notre  cheffe cuisinière!).
Moi et les supers nanas!
Quoi qu'il en soit... Après avoir passé une excellente nuit (pour la première fois depuis 14 jours, je dormais seule, sans odeurs de pieds, sans ronflements, sans lampe de poche à 2h du mat' et sans réveil qui sonne à 7h. ALLÉLUIA!), je suis allée en ville pour faire une marche autour du lac de Rotorua. Pour commencer, je suis arrivée, totalement par hasard, devant la "Te papaiouru marae" située dans le quartier maori "Ohinemutu". Cet endroit a été une superbe découverte! Immaginez, un village maori (et pas une bêtise touristique non! Un vrai village avec des gens qui y vivent et tout!) offrant une vue imprenable sur le lac avec ses maisons, son cimetière et sa salle de réunion... Et pour couronner le tout, la St. Faith Anglican Church: un vrai exemple de ce que peut être un mélange de deux cultures. Il s'agit d'une église entièrement décorée dans le style maori (gravure sur bois, panneau à décors géométriques tressés, etc.) dans le respect de la litturgie chrétienne. Le meilleur exemple de cet étrange mélange se situe à droite du coeur de l'édifice; en transparence sur une fenêtre on peut voir un christ marchant sur le lac et... habillé d'un manteau maori)!!! Il faut être à la mode pour gagner le coeur des gens... il a tout compris J-C!

La maison de réunion de Ohinemutu.
St. Faith Anglican Church.
La nef principale de St. Faith.
Le Christ maori
Après la découverte de ce trésor caché, j'ai marché jusqu'à la Sulfur bay, une zone très intéressante d'un point de vue géothermique. J'y ai vu des plantes très curieuses qui ont évolué de sorte à pouvoir vivre dans ces conditions ainsi que des oiseaux venus chercher de la nourriture dans la baie. On y trouve également des "maori warden" qui vous arrêtent pour vous dire de changer d'itinéraire. Euh ouais... deux d'entre eux m'ont interpellée un peu paniqués pour me dire que je me dirigeais dans une zone très dangereuse de la Sulphur Bay... je me suis donc gentillement écartée du chemin tout en me disant que le sentier de randonnée était bien balisé et que je n'avais pas du me tromper. Quand ils sont partis, j'ai re-jeté un bref coup d'oeil à mon plan du secteur et, convaincue que j'étais sur le bon chemin, j'ai discrètement rejoint le sentier à nouveau. Et je ne m'étais pas trompée car j'y ai croisé des randonneurs et même des gens qui s'était écartés de la zone balisée pour observer les formations de souffre de plus près (alors que des avertissements ornent le bord des sentiers un peu partout). Bref, j'ai pas trop compris...
La Sulphur Bay.
Les sols fumant qui bordent la Sulphur Bay.

Le lendemain, je suis allée au marché où j'ai pu m'acheter un "hangi". Il s'agit d'un plat traditionnel maori qui combine une viande (le plus souvent de la volaille) avec des pommes de terres, du kumara (patate douce) et des herbes. Le hangi est aussi associé à une méthode de cuisson qui consiste à cuir les aliments à l'étouffé dans un trou creusé dans le sol. Pour un premier essai c'était plutôt pas mal... par contre le pain frit qui accompagnait mon plat (une autre specialité maori semble t-il) était beaucoup moins léger et raffiné. Heureusement, les oiseaux se sont chargés de me filer un coup de bec. Pour digérer, je suis allée me promener au Kuirau Park où l'on trouve des mares d'eau chaude aux couleurs incroyables.
Yummy Hangi; avec une présentation est un peu lacunaire je dois avouer. (Et par pitié, pardonnez-moi pour le sac plastique mais ça coulait de partout!!!)
Magnifique mare colorée.

Le ranch est situé tout près des "Hells Gate", le parc géothermal le plus actif de Rotoura. De part cette proximité, il ne fallait absolument pas que je le rate. Franchement, l'entrée est un peu chère (à l'instar de tous les autres parcs de ce genre dans la region) mais ça vaut vraiment le coup! On se croirait dans un autre monde: volcan dans lequel la boue mijote (l'eau est si chaude que la boue est déjà sèche en sortant), petits lacs acides aux belles couleurs, sols recouverts de cristaux de souffre, bassins d'eau bouillante... absolument fascinant! On y trouve aussi  le seule complexe de bain de boue de Nouvelle-Zélande (mais attention,  il faut payer un supplément). D'après la légende maori,  une princesse se suicida après une querelle domestique dans l'une de ces mares qui porte désormais le nom de la jeunes maoris, "Huritini" (je commence à penser que les maoris aiment bien les histoires dans lesquelles les gens se suicident, cf: la légende du Mount de Tauranga). En sachant que les maoris vivant à cet endroit mettaient leurs aliments dans ces mares pour les faire cuire, je vous laisse imaginer la scène (ou pas...).
Ce volcan boueux est actif et entre en éruption toutes les sept semaines.
"Les portes de l'enfer" portent décidément bien leurs noms.
Vous prendrez bien un bain de boue à 110°C?
Jolies cristaux de souffre proche de la "gueule du diable".

Il y aurait encore beaucoup à dire sur cet endroit très riche et sur ces superbes journées que j'y ai passé... Malheureusement j'ai du retard sur mes articles et je vais m'arrêter là.  Je voulais cependant conclure tout ça en remerciant très chaleureusement Christopher et Jennifer pour leur super accueil. Je leur souhaite par ailleurs tout le meilleur pour leur nouvelle vie de couple marié. Je souhaite également exprimer toute ma gratitude à Paul et Uria qui sont des gens absolument charmants et qui m'ont reçue avec le coeur sur la main. À tout ce beau monde: un grand merci!